La santé mentale des jeunes en occident : comment mieux les accompagner dans leur parcours de vie scolaire?

Article écrit dans le cadre d’une présentation (10 min) lors de l’événement organisé par Globethics.net “Building New Bridges Together 2022 – Ethics and Values at the Heart of Quality Education” à Genève du 17 au 19 octobre 2022.

La santé mentale des jeunes

Pour commencer, mettons-nous d’accord sur une définition de la santé mentale :

“La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser. Elle renvoie à la capacité de réfléchir et d’agir pour profiter de la vie, relever différents défis, être productif et contribuer à la vie de sa communauté. La santé mentale est liée à la capacité de gérer ses pensées, ses émotions, ses comportements et ses relations avec les autres.”

Le public ciblé dans cette intervention est représenté par ce que nous appelons aujourd’hui la Génération Z, soit les jeunes nés entre 1997 et 2010 (15-25 ans).

La Génération Z représente les personnes qui ont toujours connu un monde avec une forte présence de l’informatique et d’Internet. Comparée aux générations précédentes, la génération Z se définirait par ses relations au travers de plateformes virtuelles plutôt que par ses relations réelles.

Il faut également savoir que les jeunes sont très critiques avec eux-mêmes concernant leur santé mentale, notamment à cause de la pression des réseaux sociaux où il y a peu de place à l’imperfection pour obtenir des likes. La Génération Z est en réelle quête de reconnaissance !

Que dire de la prochaine Génération Alpha, cohorte démographique qui succède à la Génération Z (enfants nés entre 2010 et 2020) ?

De nombreux membres de la génération Alpha ont grandi en utilisant des smartphones et des tablettes dans le cadre de leurs loisirs d’enfant, et beaucoup d’entre eux ont été exposés à des appareils comme distraction apaisante ou comme aides pédagogiques. Le temps passé devant un écran par les nourrissons, les tout-petits et les enfants d’âge préscolaire a explosé au cours des années 2010. Quelque 90 % des jeunes enfants utilisaient un appareil électronique portatif à l’âge d’un an ; dans certains cas, les enfants ont commencé à les utiliser alors qu’ils n’avaient que quelques mois. Naître dans un environnement où l’utilisation d’appareils électroniques est omniprésente comporte ses propres défis : cyberintimidation, dépendance à l’écran et contenus inappropriés.

De nombreuses et récentes études parviennent à la conclusion que le nombre de jeunes luttant contre des problèmes de santé mentale a récemment augmenté.

Trois Études Récentes

Résultats de trois études récentes

Malgré toute l’importance que de nombreuses sociétés accordent à la jeunesse, c’est une période difficile pour être jeune. En mai 2022, le McKinsey Health Institute (MHI) a interrogé 6 000 répondants de la génération Z dans dix pays européens (Allemagne, Espagne, France, Grande Bretagne, Hollande, Italie, Pologne, Suède, Suisse, Turquie) pour comprendre leur point de vue sur la santé mentale, en particulier dans le contexte d’un moment sans précédent de crises mondiales et régionales. Les résultats obtenus par le MHI correspondent à ce que les personnes interrogées aux États-Unis ont déclaré en janvier 2022 : la génération Z fait état d’une moins bonne santé mentale par rapport aux générations plus âgées, y compris les milléniaux (25-40 ans). Des déclencheurs externes spécifiques sont en jeu : près de la moitié des répondants de la génération Z citent un niveau élevé de détresse dû au changement climatique, tandis que 41 % énumèrent la détresse liée à la guerre en Ukraine. Plus d’un quart d’entre eux ont déclaré que le COVID-19 leur a causé une grande détresse.

Entre 70 et 89 % des étudiants de la génération Z interrogés déclarent que leur école fournit des ressources en matière de santé comportementale, mais il y a place à l’amélioration, car environ 30 % d’entre eux disent que l’école ne fournit pas de ressources ou qu’ils ne savent pas si des ressources sont disponibles à l’école ou lesquelles.

Les répondants de la génération Z déclarent utiliser davantage les ressources numériques de leur école en matière de santé comportementale, telles que la télésanté et les applications. Cependant, ils disent aussi que ces ressources sont moins utiles que les formations en ligne sur la santé mentale et les ressources en personne, comme les réseaux de soutien par les pairs, les ateliers sur la gestion des problèmes de santé comportementale et le conseil.

Selon une étude menée en juin 2021 par l’Unicef, 37% des adolescents en Suisse présentent des signes modérés ou sévères d’un trouble anxieux et/ou d’une dépression. Cela a un lien direct avec la pandémie de Covid-19. 47 % des personnes interrogées ont déclaré que leur santé mentale était pire qu’avant la pandémie.

Investir dans la prévention de la souffrance mentale devrait être dans l’intérêt de la société dans son ensemble, y compris d’un point de vue économique.

Citons également la conclusion du rapport sur la santé mentale de l’Obsan (Observatoire suisse de la santé) : “Les hospitalisations d’enfants et d’adolescents dans les cliniques psychiatriques sont en constante augmentation, depuis 2012 déjà.”

Deux facteurs agissant sur la santé mentale des jeunes

Deux Facteurs Agissant Sur La Santé Mentale Des Jeunes

La crise liée à la pandémie du Covid-19

Beaucoup d’études ont été réalisées ces 2 dernières années sur l’impact de la pandémie du Covid-19 sur la santé mentale des jeunes.

Les résultats d’une étude de la Commission Européenne datant du 12.10.2022 concluent que “la pandémie de COVID-19 a représenté une menace sérieuse pour la santé mentale, en particulier chez les jeunes. Alors que la santé mentale des jeunes européens se détériorait déjà avant la pandémie, on a constaté une forte augmentation des taux de dépression, de tension et d’anxiété chez les jeunes pendant la crise du COVID-19. L’inquiétude pour la santé des membres de la famille, les difficultés financières, ainsi que la perturbation de l’éducation et des relations sociales ont laissé de nombreux jeunes effrayés, frustrés et incertains quant à leur avenir. En outre, la santé mentale des jeunes a été affectée de manière disproportionnée par rapport aux autres groupes d’âge.”

La pandémie de COVID-19 a démontré que la santé mentale des jeunes dépend de divers facteurs interdépendants tels que l’existence de services de conseil dans les écoles, les compétences numériques permettant de concilier activités en ligne et hors ligne, la sécurité de l’emploi ainsi que la participation à des activités sociales et récréatives. Les conséquences de la pandémie sur la santé mentale des jeunes se poursuivront à long terme, mais de bonnes pratiques sont apparues qui peuvent ouvrir la voie à de nouvelles actions, par exemple dans les domaines de l’éducation, du sport, des loisirs et du soutien psychosocial.

La crise liée à la pandémie du Covid-19

L’usage des smartphones et tablettes

De nombreuses études montrent également que l’usage du numérique et la santé mentale des jeunes sont intimement liés.

Pour certains médecins, un usage intensif, c’est-à-dire au-delà de deux heures par jour chez les moins de 17 ans, aurait des conséquences sur leur santé. Or, un jeune sur trois dépasse cette limite. Des études nous disent qu’il existe bel et bien une association entre hausse des problèmes de santé mentale et usage en hausse des écrans et des réseaux sociaux, comme le relevait récemment le rapport Les téléphones intelligents et les média sociaux – les impacts sur la santé des jeunes, de la Commission de l’éthique en science et en technologie

Faut-il s’en inquiéter? Cela dépend évidemment de l’usage qui est fait de toutes ces heures et des opportunités qu’on peut tirer de ces usages.

Est-ce trop alarmiste ? Bien que certains médecins dénoncent effectivement les effets négatifs du numérique —dépendance, anxiété, troubles de l’attention et de la concentration— il y a pourtant de nombreux effets positifs dont on parle moins: Internet est une source d’apprentissage et de communication… et relie des jeunes dans les régions éloignées.

La relation entre numérique et bien-être psychologique s’avère donc complexe… mais pourrait-on faire en sorte que les écrans deviennent des alliés de notre santé?

Complexe

L’expérience d’une thérapeute

L’une des fondatrices de HU CARE est thérapeute (acupunture, acupressure, reiki, soins énergétiques, méditation, coaching…) et dispose d’une expérience dans l’accompagnement de jeunes. Elle a pu développer une action de renforcement des facteurs de robustesse ou de résilience individuelle, qui se définissent par rapport à l’individu même et concerne l’être que l’on est avec Soi et avec les autres.

L’action d’un.e thérapeute vient compléter les autres actions offertes aux jeunes. Le travail effectué concerne le sentiment de Soi, l’estime de Soi, l’identité, le sentiment d’appartenance, le devenir, le entiment d’accomplissement, la place que l’on a, la contribution que l’on apporte.

L’expérience D’une Thérapeute

Conclusion

En contexte scolaire, les actions à privilégier devraient viser à ce que les jeunes se sentent bien, en sécurité, valorisés, soutenus et en mesure de s’adapter à diverses situations.

Avons-nous vraiment mis le cap sur la politique de l’enfance, de la jeunesse et de la famille en matière de santé mentale pour soutenir de manière adéquate les jeunes (notamment en Suisse) ?

L’une des perspectives serait de mettre en réseau les secteurs privé et public par des actions comme celles de Globethics.net , permettant de réunir les compétences et les pistes de solution de différents acteurs locaux.


Sources

Pour aller plus loin

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